"AUBRUCH" 2024-2025 Vidéo-installation, cire, déambulateur, matériaux divers, dimensions variables

L'expérience de perte la plus radicale qui nous touche tous est sans doute celle initiée par le deuil. Face à la mort, ce départ sans retour, chaque culture a élaboré des croyances et des rites, piliers consolateurs et humanisants, garants de la mémoire et de la transmission d'une génération à l'autre.

Ma mère meurt peu avant le premier confinement, mon compagnon en pleine pandémie. Je vis ces deuils dans la solitude qui caractérisa les années de la Covid. Je ressens alors le désir d'élaborer mes deuils dans mon travail d'artiste.
En 2021, j'assigne au déambulateur qui leur avait servi en fin de vie, des fonctions rituelles et processionnelles.
Dès lors, je vais effectuer des promenades initiatiques, conduisant le déambulateur à travers forets et alpages du Haut-Adige, réalisant des fumigations et bains qui évoquent des rituels purificateurs.

De retour à l'atelier, telle une "mater familias" devant son panthéon domestique, je transforme le déambulateur en autel privé, célébrant mes liens avec les défunts à travers des rituels réinventés et poétiques.
Le déambulateur se couvre de strates de cire de plus en plus épaisses, la sauge et la bruyère qui abondent sur les tombes de mes défunts y sont déposées en profusion, ainsi que des offrandes en lien avec leur histoire.
Objet en transformation, objet qui me relie à eux, objet que j'ai filmé et que je présente avec la vidéo, tous deux témoins de la relation entretenue vivante.